Alors, EURO ? Hollande-URSS 1988. Finale.


Olympiastadion, Münich. 25 juin 1988. 70.000 spect.
PAYS-BAS 2
URSS 0
Buts :
Gullit (32ème), Van Basten (54ème) pour les Pays-Bas.
PAYS-BAS : Van Breukelen; Van Aerle, Rijkaard, R. Koeman, Van Tiggelen; Wouters, Vanenburg, Muhren, E. Koeman; Gullit, Van Basten.
URSS : Dassaev; Demanienko, Aleinikov, Khidiatouline, Rats; Litovchenko, Zavarov, Mikhailichenko, Gotsmanov (Baltacha, 69ème); Belanov, Protassov (Pasulko, 71ème).

Les Hollandais fêtent dignement leur premier trophée.

Les Pays-Bas sont de retour à l'Olympiastadion de Münich quatorze ans après leur échec en finale de la coupe du Monde 1974. Une belle manière d'exorciser les vieux démons et les mauvais souvenirs qui hantent encore l'esprit des supporters de la Oranje. Cependant, au contraire de leurs prédécesseurs qui dominèrent le tournoi mondial de la tête et des pieds avec leur football total, l'équipe néerlandaise de 1988, moins spectaculaire sur le pré, privilégie l'efficacité et le résultat au beau jeu. Une option tactique qui porte enfin ses fruits pour une sélection nationale sevrée de trophées dans une compétition majeure. Presque un paradoxe au vu du palmarès des clubs bataves dans les coupes européennes grâce aux succès de Feyenoord, Ajax et encore PSV Eindhoven depuis le début des années 70.

Les Soviétiques sont les premiers en action dans cette finale.

Pour arriver en finale, les hommes de Rinus Michels doivent d'abord batailler ferme lors du premier tour. La Hollande tombe en effet dans un groupe relevé avec l'URSS et l'Angleterre comme principaux rivaux, la République d'Irlande faisant office de petit poucet pour le coup. Opposée à l'Union Soviétique pour son entrée dans le tournoi, la Oranje subit sur le terrain la loi de l'équipe de l'Est dirigée par Valery Lobanovsky, apôtre d'un jeu moderne justement inspiré par la Hollande de 74 que les spécialistes désignent comme le football de l'an 2000. Battue (0-1) - un but de Rats en seconde période - la sélection néerlandaise est déjà dos au mur lorsqu'elle doit affronter l'Angleterre au match suivant. Un adversaire dans la même situation qu'elle puisque défaite dans le même temps, à la surprise générale, par son rival irlandais. Malheur au vaincu. Au Rheinstadion de Düsseldorf, Marco van Basten élimine tout seul une pâle équipe anglaise. Un hat-trick et une victoire (3-1) qui remet la Oranje sur les bons rails avant d'affronter l'Irlande qui vient de tenir en échec l'URSS géant. La qualification, à la veille du dernier match décisif, se joue entre ces trois pays. De son côté, l'URSS enfonce l'Angleterre dans la médiocrité (3-1) et s'assure la première place de sa poule. Mais qui de l'Eire ou des Pays-Bas pour l'accompagner dans le dernier carré ? Dans un match tendu et fermé, Hollandais et Irlandais se neutralisent durant toute la rencontre - Jacky Charlton a mis au point une tactique pour endiguer les attaques de son rival et assurer le point d'avance sur son adversaire au coup d'envoi - jusqu'à la 82ème minute. Le moment choisi par Wim Kieft pour dévier de la tête une reprise anodine de Ronald Koeman. La Hollande se qualifie sur le fil et par hasard pour la demi-finale. Une rencontre sur fond de rivalités historique et sportive. La RFA est en face. Théâtre de cette lutte fratricide, le Volksparkstadion de Hambourg fait le plein pour l'occasion. Un match marqué par une histoire de pénalties en seconde période, Ronald Koeman répondant à Matthäus, et tourne en faveur des Hollandais en fin de partie. Van Basten délivre son pays à deux minutes du terme de la rencontre, au bout du suspense, et venge du même coup les idoles de sa jeunesse.


Ruud Gullit gagne la bataille des airs...
... et ouvre le score à la demi-heure de jeu.

La formation de Rinus Michels est bien partie pour ramener, enfin, un premier titre à nation orange. Pour cela, il faut sauter l'obstacle soviétique en finale. Pas une mince affaire si l'on se réfère au match précédent entre les deux équipes une dizaine de jours plus tôt. Mais la vérité d'un jour est-elle nécessairement celle du lendemain ? D'autant que côté soviétique, Lobanosvsky doit faire avec les absences de deux titulaires indispensables: Bessonov et Kouznetsov. Puis 25.000 Hollandais ont envahi les gradins du stade Olympique de Münich pour ajouter un peu plus de pression, et provoquer un climat hostile quand ces derniers se mettent à siffler l'hymne de l'URSS. Sans doute par peur. A raison d'ailleurs, les Soviétiques sont les premiers en action au coup d'envoi. Litovchenko sollicite Van Breukelen par deux fois. Sans conséquence. La Hollande joue sur un faux rythme et répond par des actions arrêtées, comme ce coup-franc de Gullit à la demi-heure de jeu qui oblige Dassaev à une superbe parade. C'est d'ailleurs le n°10 rasta qui décoince la partie quelques minutes plus tard en ouvrant le score de la tête, oublié par le bloc défensif de l'Est dans la surface. L'URSS est KO juste avant la mi-temps, et tarde à appuyer sur l'accélérateur à la sortie des vestiaires. Ce qui profite à Michels et ses hommes avant l'heure de jeu. Une montée de Van Tiggelen qui donne à Muhren, lequel sans contrôle change d'aile... dans les pieds de Van Basten, excentré dans la surface de Dassev, qui reprend du droit et lobe le gardien soviétique. Un but venu de nulle part qui permet à la Hollande de faire le break. Un coup de massue sur la tête des joueurs de Lobanovsky qui tentent cependant de renverser la situation. Surtout avec ce diable de Belanov qui trouve d'abord le poteau avant de rater un pénalty consécutif à une faute de Van Breukelen sur Gotsmanov. Le ballon d'or 1986 n'est pas dans un bon jour et c'est l'URSS qui boîte alors jusqu'au coup de sifflet final. L'Euro 88 désigne son vainqueur: les Pays-Bas. Pas la meilleure formation du tournoi, ni la meilleure équipe hollandaise au regard des précédentes, mais la plus opportuniste, laquelle a su prendre date avec un grand rendez-vous. Il était temps.

Belanov rate son pénalty. L'URSS manque une occasion de revenir dans le match.
A la fin, c'est Ruud Gullit qui gagne.

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