BIO EXPRESS DEGRADABLE. Serge Dellamore.


Des origines anglaises par sa mère et italiennes par son père, Serge Dellamore plonge dès la naissance dans la marmite à football, encouragé par un daron commerçant en alimentation qui se plaît à raconter que son fournisseur en fromages n'est autre que Piantoni père, lequel effectuait à l'époque ses tournées en compagnie du petit Roger. Le ballon c'est à la vie, à la mort chez les Dellamore comme le raconte Serge qui réalise ses premiers exploits au R.C Bouligny, le club de son coin natal, la Meuse : « Je savais à peine marcher que je passais le plus clair de mon temps avec un ballon. Et dès l'âge où les gosses commencent à parler de ce qu'ils feront plus tard, l'idée était en moi et solidement ancrée que je ferais du football mon métier ». L'amour du ballon, qu'il partage avec ses coéquipiers Antoine Kuszowski et André Tota, et la détermination du bonhomme forcent le destin du jeune attaquant qui vise très haut, du côté des Ardennes en fait, pour exercer ses talents sur le pré : « Je figurais régulièrement parmi les meilleurs, les plus efficaces en tous cas, des équipes de jeunes dans lesquelles je jouais et cela, naturellement, n'a fait que me fortifier dans mon idée ».

Un destin qui frappe à la porte en la personne de Louis Dugauguez. « Monsieur Louis » comme l'appelle affectueusement Dellamore. L'entraîneur du C.S Sedan-Ardennes vient chercher l'attaquant de la sélection Lorraine (minimes) chez lui après l'avoir supervisé quelques temps auparavant. Serge bénit encore ce jour où le messie attend son protégé à la sortie des classes : « Quand je suis rentré de l'école et que ma mère m'a dit - va dans la cuisine, Monsieur Dugauguez t'attend - j'ai cru à une blague. Je n'avais que 16 ans et même si j'étais toujours aussi sûr de moi pour ce qui concernait mon avenir, je ne pensais pas que mon heure sonnerait si tôt ». Nous sommes en 66, la route est toute tracée pour Dellamore. Le néo-Sedanais se retrouve dans le grand bain et débute une carrière professionnelle deux ans plus tard, au lendemain d'une tournée mondiale en Bleu avec les juniors finalistes du tournoi UEFA (1967-68). Il en ramène d'ailleurs un stock de pellicules et de souvenirs dans les valises et une passion pour la photographie. Titulaire à 18 ans, l'étoile sedanaise quitte rarement son poste cinq années durant lesquelles il inscrit 46 buts pour une centaine d'apparitions. Serge Dellamore cravache sur le terrain et porterait presque seul le poids du club ardennais sur ses épaules malgré son jeune âge : « Je ne pense pas qu'il puisse y avoir meilleure école que Sedan pour un jeune professionnel. On y travaille durement dans des conditions souvent rigoureuses, qu'il s'agisse du climat, des horaires d'entraînement ou de l'infrastructure du club. On est élevé à la dure et c'est très bien ainsi ». Militant d'un football-ouvrier, Serge Dellamore ne tarde cependant pas à faire sauter la trésorerie des clubs huppés. L'OM, Nice et le Standard de Liège sont sur les rangs, mais c'est Paris F.C qui ramasse la mise pour 35 millions d'anciens francs. Une somme à l'époque (1973).


Serge Dellamore se retrouve sans transition des tribunes mal-éclairées du vieux stade Emile Albeau aux lumières du Parc des Princes. PFC est la grande équipe de la Capitale du moment « harmonieusement constituée, bien équilibrée et où règne un esprit remarquable ». Le Lorrain marche sur Paris avec beaucoup d'espoir. Trop peut-être. Il quitte le club au bout d'une saison tristounette (19ème) sans préavis malgré un contrat de 3 ans. Un échec pour l'international junior qui négocie au plus mal le « tournant de sa carrière » comme il l'affirmait à son arrivée dans la Capitale. Dellamore quitte les projecteurs hors-tension du Parc, l'humeur en vrac, pour le soleil gardois et sèche ses larmes de crocodiles à l'Olympique Nîmois. Un bail de quatre ans sans bulle et laborieux (116 apparitions/32 buts) dans une équipe qui joue au mieux le milieu de tableau. Une carrière au goût d'eau gazeuse pour celui qui considérait avoir préparé son « passage dans la classe supérieure dans les meilleures conditions » à son départ de Sedan. Une histoire à coucher dehors et sous le pont d'Avignon, l'ultime étape du parcours pro du protégé de Louison Dugauguez qui se termine en 1980. A trente ans - il est né le 6 juillet 1950 - Dellamore a le cœur brisé et des souvenirs plein la tête, ceux de l'époque sedanaise et des vieux copains comme « Roger Lemerre qui reste pour moi un modèle de conscience professionnelle, Salem qui m'a beaucoup appris sur le terrain et surtout Osim qui est le personnage le plus extraordinaire, le plus doué et le plus sympathique que j'ai rencontré à ce jour dans le football ». Quand on a plus rien, il reste toujours l'amour... ou la lecture, l'autre dada de Serge qui ne rate pas un numéro du Nouvel Obs et les bios des personnages historiques. Ses préférées: De Gaulle, JFK et Mao. Des goûts très éclectiques.

Comme Cantona, Serge Dellamore fait la pub pour des rasoirs.

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