BIO EXPRESS DEGRADABLE. Gérard Migeon.


Pour faire dans l'humour gras et simpliste, on peut dire que c'est un nom prédestiné à garder les cages. Or, Gérard Migeon a quand même la nette impression d'avoir été pris pour un pigeon à l'heure du bilan. Le natif de Longjumeau (28 novembre 1947) a tout connu. La concurrence trop souvent à son désavantage, la poisse et les pépins physiques durant toute sa carrière. Pas trop de quoi roucouler sous les fenêtres donc. Gérard Migeon n'a pas le beau rôle, mais bien celui d'oiseau de mauvaise augure malgré des qualités intrinsèques et une grande faculté d'adaptation.

Une histoire qui commence pourtant comme un conte de fées pour le jeune parisien. Élevé par une maman protectrice et un papa-poule, Gérard Migeon débute dans la catégorie poussins à Palaiseau avant de prendre son envol à Choisy-le-Roi. Puis c'est le Bataillon de Joinville au sortir du nid douillet familial. A l'époque, le club militaire dispute le championnat de D.2 et forme à la dure les stars de demain. Migeon saisit la chance au vol entre deux parades (militaires incluses) et signe à Saint-Etienne au moment où les étudiants rentrent dans les plumes des CRS. Chez les Verts, « La Mige » est nourri à l'œil et joue la doublure de l'indéboulonnable Georges Carnus, mais profite de la blessure de ce dernier pour jouer son premier match officiel à St-Ouen contre le Red Star. C'est 68, la révolution est en marche mais s'arrête nette au retour de l'international français. Migeon quitte les bois pour se retrouver de nouveau à cirer le banc et se contenter de quelques graines de matchs jusqu'à l'affaire Carnus-Bosquier qui oppose les deux joueurs à leur président. Les deux protagonistes écartés de l'équipe après une défaite contre Bordeaux (2-3, le 8 mai 1971), Gérard Migeon est propulsé titulaire par défaut pour les dernières journées de la saison alors que St-Etienne dispute le titre à l'OM. « La Mige » tient la chance de sa vie mais l'ASSE laisse filer le titre au profit du concurrent olympien. La poisse d'autant que l'exercice suivant, il joue au chat et à la souris avec André Castel à chaque journée. Un coup toi, un coup moi. Pour les dirigeants stéphanois, il manque un réel titulaire pour le poste. Qu'ils finissent par trouver avec l'arrivée de Curkovic à l'été 1972. Le moral en berne, le physique ne suit plus et Gérard se blesse grièvement à l'entraînement en début de saison. Rupture des ligaments croisés. Le ménisque est atteint aussi. Après dix-huit mois de rééducation, Gérard Migeon quitte le Forez en décembre 74 et rejoint Marseille afin de remplacer George Carnus, victime d'un tragique accident de la circulation qui met un terme à sa carrière (et cause la mort de sa femme et ses trois filles).

Arrivé à l'O.M dans la peau d'un titulaire, le Francilien est cependant déplumé de son statut par René Charrier. Rongeant son frein sur le banc, Migeon attend un signe du destin et profite du mauvais sort jeté sur les gardiens olympiens - le jeune international se crache en voiture - pour reprendre sa place dans les bois. Amateur de pétanque - il forme une excellente doublette avec son coéquipier Hervé Florès - et de lecture - Gégé affectionne Bernard Pivot, Apostrophes et Henri « Papillon » Charrière - Migeon pointe enfin le bout de son bec au sein de l'équipe type, et connaît le succès de sa carrière au cours de l'année 76. Les Verts perdent en finale de la coupe des clubs Champions mais lui remporte la coupe de France avec Marseille. Un titre sans lendemain. Quatre ans plus tard,  « La Mige » balbutie son football lors d'une opposition entre les Phocéens et Nantes au Vélodrome (avril 1980). A la suite d'un centre-tir de l'ailier nantais Loïc Amisse, Migeon dévie le ballon dans son propre but. C'est l'unique réalisation de la rencontre qui relègue officiellement Marseille en D.2. « La Mige » connaît l'enfer du niveau inférieur pendant une saison avant de passer les gants à Marc Lévy et de prendre une retraite méritée surtout après autant de remords et d'incompréhension à son endroit.



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1 Commentaires

  1. J'hallucine ! Migeon aurait eu beaucoup de mal à se trouer lors du match perdu 2-3 contre Bordeaux. C'était Carnus le gardien et le match a été le détonateur de la mise à l'écart de Carnus-Bosquier. Si le reste de l'article est du même niveau ...

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